Parme

Baptistère de Parme

Le baptistère de Parme (1196- 1270) est l’un des monuments les plus importants de la transition du roman au gothique primitif. La structure octogonale, en marbre rose de Vérone, se développe en hauteur avec quatre ordres de loggias. Il a été conçu par Benedetto Antelami.

L’auteur et la date de début des travaux du baptistère nous sont parvenus grâce à une inscription gravée sur trois lignes aux deux extrémités de l’architrave du portail septentrional, appelé le portail de la Vierge

L’ensemble des critiques s’accorde aujourd’hui à attribuer à Antelami la totalité de l’œuvre, c’est-à-dire le projet et sa réalisation. Mais la question est fort complexe car le monument subit diverses interventions et interruptions.

Une autre source d’informations nous est parvenue sous la forme des mémoires du franciscain Salimbene de Adam, témoin des faits3.

Le chroniqueur nous informe que ses parents vendirent des maisons afin que le baptistère soit construit à leurs emplacements et son père, pendant la réalisation des fondations, y déposa des pierres commémoratives. Il nous indique aussi être né le 9 octobre 1221 et avoir été porté cette année là sur les fonts baptismaux dans le baptistère de Parme qui était à côté de sa maison. Cette date est cohérente avec les Annales de Parme qui ont noté que l’on commença à baptiser au baptistère le samedi saint 9 avril 12162. Cela signifie qu’à cette date le gros œuvre de la partie basse du baptistère était achevé. De plus, Salimbene rapporte une anecdote précieuse que sa mère lui racontait souvent : le 25 décembre de l’année 1222, alors qu’il était dans son berceau, il y eut un grand tremblement de terre (it). Sa mère pris ses enfants et courut vers la maison de ses père, mère et frères, car elle craignait que le baptistère ne lui tomba dessus puisqu’il était juste à côté de sa maison. Ce témoignage confirme qu’à cette époque le baptistère n’était pas achevé et que les murs, probablement non encore bloqués par quelque voûte, étaient particulièrement instables et dangereux durant les séismes4.

La chronique précise encore que durant la longue période d’hostilité (de 1229 à 1259) entre la Parme guelfe et Frédéric II, et au-delà même jusqu’à la mort de l’allié de l’empereur Ezzelino da Romano, maître de la Marche Trévisane,  fut interrompue faute de matériel la réalisation du revêtement en marbre blanc et rose provenant des carrières de Vérone sous la domination de ce Seigneur.

Enfin, l’analyse de la structure du bâtiment permet de définir trois phases constructives distinctes 5:

  • Une première phase des travaux, de 1196 à 1216 environ, conduite par Antelami qui quittera le chantier à son issue (sans que l’on sache s’il fut appelé à d’autres tâches ou s’il décéda à cette époque). Le baptistère s’élève alors à environ 14 mètres de hauteur, c’est-à-dire jusqu’à la première galerie extérieure incluse et, à l’intérieur, au niveau de la corniche à la base de la coupole (à ce niveau un toit plat provisoire, avait été mis en place, en témoignent la présence de trous de boulin).
  • Entre 1260 et 1270, les Maestri campionesi interviendront pour achever la coupole interne à nervures et les trois autres niveaux de galeries externes.
  • Au début du xive siècle le bâtiment sera complété par l’adjonction de la cinquième galerie aveugle, la toiture sera refaite et seront ajoutés les clochetons (dont un médian qui sera ensuite déposé)4.

Le baptistère fut solennellement consacré le 25 mai 1270 en présence de tous les  évêques de l’Émilie.

À l’époque médiévale, le canal Maggiore passait sous le baptistère et en alimentait la vasque baptismale

Description

Remarque préliminaire

Le baptistère offert aujourd’hui à notre regard n’est probablement pas exactement celui que projetait Antelami. Les résultats des études archéologiques montrent en effet que les arcs saillants gothiques de la coupole intérieure ont été ajoutés à une structure qui à l’origine ne les prévoyait pas. De même, les portails prévus par Antelami étaient moins ébrasés qu’aujourd’hui ; ils devaient comporter moins de colonnes. L’aspect actuel du baptistère de Crémone, qui à l’origine était recouvert de fresques, est certainement assez fidèle à ce que devait être le projet antelamique.Intérieur du baptistère de Crémone

La raison de cette déviance provient de l’intervention des magistri campionesi qui, entre 1260 et 1270, reprirent le chantier du baptistère de Parme en modernisant la structure selon la nouvelle culture gothique de l’époque. En fait le baptistère d’Antelami devait apparaître beaucoup plus proche des modèles paléochrétiens7.

Une analyse des éléments se trouvant dans les tympans internes a permis de déterminer, par leur méthode de fixation, que les sculptures des anges qui s’y trouvent ont été ajoutées ultérieurement, elles n’étaient pas prévues à cet emplacement par Antelami à l’origine. Les seules sculptures du projet du Maître sont les six tympans internes et externes au-dessus des trois portes, alors que celui au-dessus de l’autel à l’intérieur et représentant le Christ pantocrator avec les quatre symboles des évangélistes et les deux anges8, semble avoir été placé ici ultérieurement et devait lui aussi être destiné à une autre usage.

De même, les éléments séparés des mois de l’année placés juste en-dessous du plancher de la première galerie interne et qui représentent les signes du zodiaque, semblent avoir été disposés là ultérieurement9. À l’extérieur, c’est également le cas pour les sculptures des deux prophètes David et Nathan, les deux archanges Gabriel et Michel, Salomon et la reine de Saba. Elles se trouvent toutes avoir été réadaptées et placées durant la campagne campionese de 1260-1270 dans les niches où on les voit aujourd’hui, autour du portail

Description externe

Le baptistère est un édifice à plan centré, de forme octogonale11. La rigueur de sa céleste élévation est adoucie par le jeu de la lumière sur l’alternance des marbres blancs et roses de Vérone et le clair-obscur produit par les quatre couronnes de loggias-ouvertes qui le ceignent12. Au sommet, les clochetons aux allures de pinacle interpellent dans ce décor roman.

La base, correspondant à la première phase exécutée par Antelami, est la zone qui regroupe la majeure partie des sculptures extérieures de l’édifice. Trois faces sont percées d’un portail, les cinq autres côtés sont composés chacun d’un grand arc en plein cintre aveugle dont une architrave soutenue par deux demi-colonnes posées sur un haut socle délimite un tympan lisse. Il convient de remarquer les chapiteaux qui coiffent ces demi-colonnes, certains, classiques, sont d’ordre corinthien, mais d’autres en forme d’ondes aquatiques font allusion au rite baptismal et sont une pure invention d’Antelami14.

La frise zoophore

Baptistère de Parme.  Frise composée de 75 bas-reliefs sculptés dans des panneaux de marbre rouge de Vérone

Environ à mi hauteur des demi-colonnes, une frise composée de 75 bas-reliefs sculptés dans des panneaux de marbre rouge de Vérone par l’atelier de Benedetto Antelami, parcourt tout le périmètre du bâtiment à l’exception d’un tronçon du côté sud resté inachevé (cette interruption laisse également penser qu’à l’origine,  ces panneaux n’étaient peut-être pas destinés au baptistère). Elle n’est interrompue que par les trois portails de l’édifice et s’intègre à quatre autres reliefs placés de part et d’autre de deux des portails. Ces reliefs représentent les vertus : chasteté et charité ; foi et espérance, ils fournissent la clef de lecture de l’ensemble : les passions humaines, les vices et les habitudes aberrantes, rendent l’homme semblable aux animaux et aux monstres et l’éloigne du salut que toutefois l’on peut reconquérir par un comportement vertueux.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Baptistère de Parme de Wikipédia en français (auteurs)

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